«Acteur majeur du plateau technique d’une association sportive qui se respecte, le directeur technique n’a pas toujours les coudées franches chez nous pour atteindre ses objectifs de formation à la base. Résultat, nos sections des jeunes pullulent de talents qui peinent pourtant à intégrer l’équipe A et à s’y inscrire dans la durée. Tout le monde est par la suite perdant, puisque les recrutements onéreux impactent les finances du club alors que la relève reste en marge du noyau de l’équipe première.
Cependant, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Tout d’abord, les éducateurs des jeunes sections, en étroite collaboration avec le DT en chef, doivent mettre les bouchées doubles et collaborer en prenant en compte les spécificités des composantes du club. Accessibilité, disponibilité, infrastructures modernes, encadrement propice par un personnel qualifié et implanté au sein du club. Pour les jeunes, c’est aussi une question de prise en charge globale, car à terme, la mission est de découvrir, former et promouvoir un noyau de jeunots qui disposent de qualités intrinsèques. Le grain de sable chez nous se situe au niveau du cursus. Les directeurs techniques enrôlés doivent être des pontes, de véritables experts en la matière, et ce, en vue de permettre aux jeunes de suivre un cycle de formation établi sur de bonnes bases. Des bases scientifiques méticuleusement étudiées par des spécialistes en la matière. L’objectif est de, bien entendu, fournir le gros des troupes de l’équipe A. Ce qui reste jusque-là un vœu pieux seulement. Former des jeunes footballeurs dont les plus talentueux seront prêts par la suite à intégrer les séniors.
Pour cela, il faut des instructeurs chevronnés et un directeur technique expérimenté».
«Patience et persévérance»
«Pour accompagner à terme un talent pur vers le must du football tunisien, le rectangle vert et les répétitions ne suffisent pas. Il faut une prise en charge adéquate et permanente. Les initiés bénéficieront ainsi d’une prise en charge rigoureuse.
Cela permettra à terme de fournir de futures pépites à l’équipe fanion. Mais il faut de la patience et de la persévérance. Par ailleurs, il est inconcevable de prétendre former en veillant sur les jeunes dans une moitié de terrain, faute de mieux.
Les jeunes talents en herbe ont besoin d’une infrastructure répondant aux normes internationales pour s’épanouir et progresser. Disposer de structures haut de gamme et pointues, juste pour les stages des sélections des jeunes ne suffit pas. En clubs, disposer de fondations identiques est indispensable pour qu’il n’y ait pas de cassure entre la base et le fleuron du club. En clair, l’intendance doit suivre et la gestion doit être rigoureuse pour en recueillir à terme les fruits. La Tunisie est un pays de football. Il y a donc ici un formidable vivier. Pourtant, la formation des jeunes laisse encore à désirer. C’est forcément un domaine qui a été délaissé, et cela a évidemment des conséquences sur le produit des clubs. A l’époque de l’amateurisme, on investissait dans la formation. Or, la tendance s’est maintenant inversée faute de stratégie audacieuse et pertinente. En clair, il faut doter la direction technique des clubs de moyens conséquents : moyens humains (compétence) ainsi que des équipements adaptées à la formation (infrastructure). Imposer aux clubs d’avoir leur propre centre de formation et non pas seulement une académie juste pour le décor peut déjà s’avérer important. Pourquoi? Parce qu’à terme, un club formateur peut gagner de l’argent en vendant ensuite les joueurs qu’il a formés. Mais il faut d’abord que les clubs se structurent. Certains n’ont même pas de terrain d’entraînement à eux ! Dans certaines régions, ce constat est désolant, alors qu’il y a un gros réservoir de jeunes. Quitte à me répéter je dirais qu’il faut donc structurer les clubs à tous les niveaux. Mettre les moyens humains et financiers qu’il faut. Cela prendra du temps pour en recueillir les fruits. Mais si l’on consacre des ressources à la formation, les clubs en seront les principaux bénéficiaires».